Bricolages · Couture, etc… · Baskets en cuir,

Si vous avez pas le temps de lire: tutoriel raccourci!

Ben on découpe tout ça, on mélange un peu, on rajoute le latex de la semelle, un peu de cire d'abeille de fil de lin, on met tout ça ensemble, et on obtient la chaussure à droite! Et voilà!!

 

Pour la couture du cuir:

Pour les outils, conseils pour coudre, etc… le site d'Eric Deneken m'a beaucoup aidé, tout est bien expliqué, et j'aime bien l'approche, qui privilégie des bons outils et du cuir naturel. Et meme le partage de patrons sous licence libre!
https://www.esprit-cuir.fr/tutos-d-artisan-d-art/le-point-sellier/

Il y a aussi le livre "The Art of Hand Sewing Leather" de Al Stohlman. Certains des conseils de ce livre contredisent le site d'Eric Deneken, ce qui est assez étonnant. Mais je pense qu'il est intéressant d'avoir les deux informations. 

 

Quand j'ai voulu commencer à faire des chaussures, une amie m'a envoyé un cours payant.

Meme si ce n'est pas trop dans mes convictions ce style de site, j'ai quand meme payé (c'était pas trop cher), et ça m'a un peu aidé. En fait ça ne correspondait pas à mes besoins, et ils ont pas été très aidants.

J'ai donc décidé de me faire la main avec les chaussures viking (que j'ai plus ou moins réussi, mais ça m'a permi de comprendre les problèmes inhérents aux chaussures, ce que c'est une chaussure, son maintien, le rembourrage, la forme, etc…).

Après la troisième chaussure viking j'ai voulu passer à une autre conception, des choses qui ressemblent à des baskets. Comme j'ai trouvé cette manière ( https://handmadebycarolyn.com.au/2016/03/how-to-make-your-own-shoe-pattern.html merci mille fois à eux!) de patroner très intéressante et astucieuse, j'ai décidé de me lancer dans des baskets, et avec cette méthode.

Ça me permet de faire quelque chose de sur-mesure, dessiné main, et de travailler sur une méthode que je peux partager sur internet, afin de diffuser l'info sur un domaine, la chaussure, où les gens ne partagent pas souvent!

Ces baskets se sont révélées bien plus abouties que tout ce que j'ai fait jusqu'à présent, j'ai franchi une sorte de palier, mais il y a encore pas mal de progrès à faire. J'aime bien faire solide, et avec du cuir à tannage végétal. Donc il faut que je continue comme ça, mais en améliorant encore la conception et le confort.

Donc première étape, comme les chaussures viking: le patronage de la semelle.

 

J'ai laissé pas mal de marge pour les orteils, c'est vraiment important. L'autre chose, c'est d'avoir un carton bien rigide, sinon ça se tord à l'étape du scotch, et ça fausse le patron.

L'étape où je découpe la marge de couture. Donc la semelle carton sans la marge de couture sert à patronner au scotch la chaussure, et la semelle avec la marge de couture sert à tracer le contour de la semelle d'usure ou intérieure avant découpe.

La largeur de cette marge de découpe dépend de la largeur de la trépointe, de la manière de coudre, et de l'épaisseur de la chaussure (si elle est triplée contre le froid, ou plus rembourée, ce sera plus large).

 

Après on va mettre du scotch tout autour du pied. J'ai mis deux paires de chaussettes pour avoir plus de marge, me suis arrangé pour avoir les orteils qui prennent de la place, et il faut faire attention de bien faire l'arrondi du talon avec le scotch, ce sera important pour la suite.

 

 

Donc là je dessine la forme des pièces de la chaussure sur le scotch. En rouge les pièces telles qu'elles apparaissent à l'extérieur, en bleu les pièces supplémentaires comme la languette, le rembourrage. La languette occupe le centre, il faut lui laisser assez d'espace, c'est ça qui permettra d'avoir la marge pour serrer la chaussure.

Il faudra encore modifier les pièces en rouge pour rajouter les marges de couture.

Vu de coté.

 

J'ai voulu avoir une bande devant qui protège les orteils (du froid, de la pluie) contrairement à d'autres sneakers ou baskets qui ont une languette qui fait aussi l'avant de la chaussure.

 

Derrière il faut pas se louper pour la ligne de coupure (en rouge). Je me suis planté et j'en ai tracé une deuxième. La ligne bleue de part et d'autre de la coupure rouge c'est la ligne délimitant la pièce de renfort rectangulaire qui sera derrière la jointure.

 

On coupe au niveau de la semelle et du talon, et ensuite on peut retirer le pied.

On découpe ensuite toutes les pièces, et on obtient cela:

Pour la languette, j'avais pensé la patronner en collant une épaisseur de scotch et en dessinant par transparence. Donc on voit sur la photo cette languette en scotch que j'avais tenté de faire. Ça marche pas bien, c'est pas assez précis, question d'assemblage des pièces par la suite.

 

En rouge je trace le contour au plus près du scotch.

S'agissant des deux pièces qui font le coté et qui vont jusqu'au talon, elles doivent se terminer par une courbe, de courbure à peu près équivalente, mais les courbes doivent aussi avoir la meme longueur.

Donc il faut vérifier, et ajuster si besoin.

J'utilise les bords des différentes pièces comme référence pour dessiner le contour de la languette, qui est dessinée en bleu sur le scotch mais qu'il faut transférer sur un papier pour l'avoir dans le patron.

Cette pièce est une partie d'un des renforts latéraux sur lequel sera fixé les fermetures.

Pièce latérale de la chaussure. En rouge la délimitation des marges de couture.

Sur cette photo et la précédente on voit le couteau à parer, qui sert à tailler dans l'épaisseur le cuir, pour le rendre plus fin. Cela permet d'avoir des coutures moins épaisses, ce qui est important surtout quand on a 4 épaisseurs voire plus.

Je vais donc tailler dans les marges de couture pour les affiner.

Pareil pour la languette, je taille dans la marge de couture.

En superposant les différentes pièces de cuir, on voit qu'il y a des coutures courbes. Il faut donc faire attention quand on les coud de bien positionner le cuir.

 

 

Je taille les trous à l'emporte-pièce, et les entailles qui serviront à fixer le système de fermeture.

Je fais la rainure à la rainette, pour protéger le fil de couture.

Ensuite je fais les prétrous à la griffe à molette. Faut bien etre concentré pour aller droit.

De l'autre coté, il y aura une sangle en cuir qui passera et fera une boucle, un peu comme pour les velcros. Donc je fais des trous plus grands à l'emporte-pièces, et je les relie en coupant entre pour avoir des trous allongés.

Je couds les renforts, mais seulement la partie haute du renfort, et je laisse aiguilles et fil dedans, pour continuer la couture plus loin sur la pièce voisine.

Positionner tout ça pour coudre n'est pas évident. On voit bien que ce sont des coutures courbes. Je m'aide avec la ligne rouge, qui guide bien. J'ai reporté cette ligne de délimitation de la marge de couture du patron sur le cuir (en marquant à travers le papier en appuyant fort avec les ongles, bon je sais il y a d'autres systèmes qui existent!).

 

Je couds les deux pièces de la languette (qui est doublée). Pareil, seulement sur sa partie haute comme on le voit. La partie basse sera cousue au niveau de la marge de couture qui est délimitée par la ligne rouge.

 Je couds la languette avec la demi-lune de l'avant de la chaussure. En faisant attention à pas coudre trop loin, au-delà il y aura les assemblages avec les autres pièces.

Je couds ici 4 pièces, deux demi-lunes (c'est aussi doublé), et deux languettes déjà cousues ensemble sauf en bas. Donc j'alterne: demi-lune, languette, demi-lune, languette. Un bout de languette paré (donc affiné) sera donc à l'intérieur de la chaussure.

Je couds le renfort avec la pièce latérale. C'est une couture courbe qui donne déjà du volume à la future chaussure, donc il faut bouger les deux pièces de manière à suivre le tracé rouge, et à se retrouver avec vers la pointe du pied une ligne rouge bien  dessinée avec la courbure qui suit un tracé correct de part et d'autre des pièces.

 

Je positionne les pièces avant de les coudre. Bien suivre la ligne rouge, et encore une fois, la couture ne doit pas aller jusqu'en bas. Il y aura la couture de la trépointe qui fermera le bas.

Pareil de l'autre coté, on coud le haut et on s'arrete en laissant fil et aiguilles dedans.

Puis on coud le renfort avec les pièces latérales. Ici on voit bien la superposition alternée.

Les renforts n'ont pas été parés, mais les marges de couture des pièces latérales oui.

 

On arrete la couture près du coin.

Résultat.

On positionne, et on commence à coudre. Il faudra bouger régulièrement les pièces pour suivre la ligne rouge et avoir la courbe.

Résultat.

Vue de l'intérieur.

 

Pareil de l'autre coté.

Résultat.

Dessin de la partie en cuir du rembourrage.

Couture de la pièce en cuir du rembourrage. Je la coud plus haut de sorte que les deux bords hauts ne soient pas au meme niveau, la pièce de rembourrage dépasse. Ça permet qu'elle se torde pour pouvoir contenir la laine de rembourrage.

Résultat.

Puis je ferme la doublure intérieure par le talon. Là il s'agit d'une couture bien courbe. J'ai fait une erreur et j'ai commencé la couture trop bas, ce qui laisse pas la marge pour la couture de la trépointe qui risque d'abimer le zigzag (j'ai du superposer les trois coutures au niveau du zigzag et donc faire passer la couture de la trépointe par les memes trous que les deux premiers du zigzag - pas terrible mais faisable).

Je finis pas entièrement en haut non plus, il y aura d'autres coutures plus haut, rembourrage, fermeture haute de la chaussure…

 

Couture de la pièce de renfort du talon. Cette pièce est importante pour protéger le zigzag de l'abrasion, et avoir une courbe moins anguleuse.

Le haut de la couture de la pièce de renfort permet aussi de fermer entièrement, et de finir la courbe. Donc bien positionner tout ça!

Résultat.

On voit bien la laine de rembourrage (récupérée sur un t-shirt en laine mérinos troué).

Couture de la partie extérieure. Meme souci, elle démarre trop bas.

Couture du renfort extérieur, qui sert à protéger le zigzag extérieur.

 

Résultat. On voit bien le jonglage pour incliner les aiguilles avec le bon angle pour éviter de trancher dans les coutures précédentes. Pas évident à travers un rembourrage, mais réussi meme si ça pourrait etre plus élégant et mieux fait.

Résulta, vu de haut. Il faudra bien par la suite superposer les deux talons qui doivent bien s'empiler. Et s'arranger pour que les deux doublures ne soient pas trop décalées.

Vue intérieure.

On ferme le haut de la chaussure.

Trépointe (enfin si on veut, les puristes diraient autrement) préparée.

C'est du cuir assez épais (collet végétal naturel de 2.6mm). Je l'ai rainuré, percé de prétrous avec la griffe à molette, et trempé dans l'huile d'olive pour l'assouplir (j'ai trouvé que c'est la meilleure manière, mais on peut aussi utiliser l'huile de pied de boeuf, mais pas testé).

Couture de la trépointe tout le long. Cette couture ferme la chaussure en bas. Il faut bien faire attention à prendre les deux pièces de la doublure en faisant attention à pas etre trop près du bord, sinon c'est pas assez résistant.

Résultat.

 

 Préparation des semelles intérieure, et d'usure en latex naturel (crepe).

Semelage, en utilisant la deuxième rainure de la trépointe. Faire attention à bien rester le plus au bord possible, sinon ça fait des erreurs de circonférence qui seront difficiles à rattraper avec une trépointe bien plus épaisse.

Cette bande doit à plusieurs endroits se plier à 90° voire plus, donc y faire attention (je l'ai un peu aidé à se plier plus à plusieurs reprises).

 

 

Résultat.

Je coupe à la lame de rasoir les morceaux de latex qui dépassent, parce que la couture a fait un repli. On voit bien à travers le caoutchouc translucide les coutures, c'est rigolo de pouvoir les voir se faire en meme temps qu'on coud!

 

 

J'ai encore du thermosouder la deuxième semelle en latex sur la première (j'ai bien galéré, ça a fini avec de la colle… faut que je trouve une solution élégante), et concevoir les boutons de fermeture (inspirés des boutons viking, mais il faut que je trouve un système plus élégant, j'ai déjà mon idée, pour les chaussures suivantes).

 

J'ai déjà testé un peu cette chaussure gauche. Le confort et le maintien sont très bien meme sans serrer beaucoup, il y a quelques positions limites ou ça fait légèrement mal parce que le collet végétal de 1.4mm doublé c'est un peu raide pour l'instant.

Le plus genant est au niveau du talon, j'espère que ça va se faire (ça devrait). Mais ça reste très bien, et prometteur.

 

J'ai lancé une nouvelle version de la basket, en simplifiant la conception. Je vais bientot tester.

 

Voici quelques étapes:

Patron. On voit les principales pièces. Les bandes où il est écrit "Gauche/Droite" et "Gauche/Gauche" supportent les lacets. Je les ai faites dans un cuir plus épais, ce qui évite d'avoir à les doubler, et simplifie la conception.

Rembourrage au niveau de la doublure intérieure. Il s'agit d'une pièce de feutre de laine cousue. Cela évite d'avoir à rajouter une pièce de cuir, qui fait une surépaisseur et de la complexité inutiles.

Pareil pour l'autre coté de la doublure intérieure.

Couture de la languette, qui est aussi faite en cuir plus épais de 2.6mm, ce qui évite d'avoir à la doubler. J'ai pensé rembourrer aussi la languette et donc la doubler, mais je vais essayer déjà comme cela. Elle est assez courte, donc gène pas le mouvement du pied. Je verrai si elle tient bien, et se ratatine pas.

Sinon je mettrai un passant pour que les lacets la maintiennent.

La pièce du bas en forme de croissant est doublée.

 

Couture de la bande qui supporte les lacets sur les deux pièces latérales. Le résultat est déjà un peu en volume.

Couture de fermeture du haut. Je me suis arreté, pour pouvoir avoir de la place pour faire les coutures du talon.

Couture de la bande sur les pièces latérales, de l'autre coté. On voit qu'une fois la couture terminée ça prend clairement du volume.

Assemblage des deux cotés, avec la languette.

Fermeture du talon. C'est aussi une couture courbe. Il fallait avoir la foi pour faire confiance à cette courbure, qui se fait surtout vers le haut. En essayant j'ai vu que c'était bon!

Couture de la pièce de renfort intérieure. Elle protège le zig-zag et l'abrasion importante du talon à cet endroit.

Couture de la pièce de renfort vue de l'autre coté.

Et aspect de la couture finie face intérieure.

Couture du zig-zag de la partie extérieure.

Et couture du renfort extérieur terminée.

Vue par en-dessous.

Fermeture du haut de la tige.

Et fermeture du bas, en cousant la sorte de trépointe.

 

Chaussure finie, avec la première couche de semelle en latex cousue. J'ai mis des sortes de porte-lacets. Ça permet d'éviter d'user trop les trous.

 

Détail de la jointure de la trépointe. On m'a conseillé de faire un recouvrement, de tailler les extrémités en biseau (parage). Ça fonctionne évidemment mieux.

Avec les lacets.

Ça marche plutot pas mal les lacets en cuir coupés dans le collet végétal de 2.6mm.

 

Pour les chaussures suivantes, il faudra passer à du cuir plus souple. Elles sont encore bien raides et vont devoir se faire.

Il va falloir expérimenter des cuirs plus souples pour la doublure intérieure, comme du cuir de chèvre. Avantage, je suis sur que ces baskets vont etre costaudes!

 

J'ai mis ces chaussures, pour marcher et rouler à vélo, et sous la pluie.

Elles sont de moins en moins raides et de moins en moins inconfortables, et se font au pied, et n'ont pas de défaut majeur.

J'ai aussi décidé de ne pas doubler la semelle, et de laisser une seule épaisseur de latex, pour voir si le fil de couture de la semelle s'use. La semelle ne reste pas plate, et se bombe. Ça prend clairement la forme du pied, on verra dans la durée.

Le fil de couture s'est usé, donc j'ai resemelé en creusant un sillon dans lequel le fil de couture se loge. J'ai donc démonté la chaussure, et c'est très intéressant ce qu'on voit:

On voit clairement qu'il n'y a pas d'exagération au niveau de la place que prennent les orteils. Toute la place est utilisée!

Les chaussures se sont très bien faites, et sont bien plus confortables maintenant, malgré le cuir un peu raide.

 

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